Un directeur général des services de métier patron de commission à l’Assemblée nationale. Ancien DGS de la ville de Teteghem (Aujourd’hui fusionnée au sein de la commune nouvelle de Teteghem-Coudekerque-Village), le député Horizons du Nord Paul Christophe a été élu à la tête de l’instance du Palais Bourbon chargée des Affaires sociales.
Un bâton de maréchal pour ce parlementaire à l’allure austère, membre de l’Assemblée depuis 2017. L’ancien maire, près de Dunkerque, de la ville de Zuydcoote rendue célèbre par un film d’Henri Verneuil (« Week-end à Zuydcoote » avec Jean-Paul Belmondo) s’est montré actif durant les deux dernières mandatures. Il a notamment défendu les aidants et les personnes en situation de handicap.
Pur produit du socialisme girondin
Député de la Gironde, le nouveau président Renaissance de la commission des lois Florent Boudié a, lui, été un temps vice-président du groupe macroniste chargé des territoires. Une fonction taillée sur mesure pour ce pur professionnel de la politique locale.
Florent Boudié a oeuvré au cabinet de l’inoxydable président PS du conseil régional d’Aquitaine (Devenu depuis celui de la Nouvelle Aquitaine) Alain Rousset. A l’instar, à la génération précédente, d’un François Deluga ou d’un Gilles Savary, ce pur produit du socialisme girondin connaît les arcanes des collectivités sur le bout des doigts. Il en effet été aussi le directeur de cabinet à Libourne de Gilbert Mitterrand, le fils de l’ancien Président de la République.
Mais en 2016-2017, Florent Boudié a rompu avec son parti de toujours pour se rallier au panache d’Emmanuel Macron. Un transfert qui lui a permis de garder le poste de député qu’il détient depuis 2012. Une longévité qui fait de Florent Boudié l’un des piliers de l’hémicycle.
Bébé Macron
Antoine Armand ne peut pas encore prétendre à ce statut. Mais le nouveau patron Renaissance de la commission des affaires économiques peut afficher un prestigieux CV. A l’instar d’un Emmanuel Macron une petite quinzaine d’années plus tôt, le député de Haute-Savoie est passé par le lycée Henri IV, l’ENA et l’inspection générale des finances. Cerise sur le gâteau, il a, contrairement au chef de l’Etat, aussi réussi l’Ecole Normale Supérieure. Député à partir de 2022, le bébé Macron s’est fait le chantre de la souveraineté énergétique de la France.
La nouvelle présidente de la commission des Affaires culturelles Fatiha Keloua-Hachi (PS) est élue, comme lui, depuis 2022. La députée socialiste de Seine-Saint-Denis est aussi conseillère municipale d’opposition dans l’un des rares fiefs de la droite dans le 93, Rosny-sous-Bois.
Un posté clé sur le budget pour Charles de Courson
Mais la surprise du weekend s’est déroulée au sein de la commission des Finances. Face à l’absence de majorité claire, Charles de Courson, ancien maire de Vanault-les-Dames (Marne) et député centriste du groupe Liot, a décroché le poste de rapporteur général du Budget.
Malgré une alliance entre le camp présidentiel et la droite, ce spécialiste des finances publiques et conseiller référendaire à la Cour des comptes a été élu dimanche 21 juillet, grâce au soutien de la gauche, brisant la tradition qui voulait que ce poste soit réservé à un député proche du bloc présidentiel. Habituellement, ce rôle servait d’interface entre le gouvernement et sa majorité, en contrepoids à la présidence de la commission des finances détenue par l’opposition. C’est une première depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron : le bloc présidentiel ne détient plus aucun des postes-clés sur le budget.
Charles de Courson, qui s’était distingué par son opposition résolue à la réforme des retraites au printemps 2023, a remporté l’élection au troisième tour avec 27 voix contre 27, en l’emportant sur son rival Jean-René Cazeneuve (Ensemble pour la République) grâce à son âge de 72 ans contre 66, conformément à la procédure qui favorise le député le plus âgé en cas d’égalité.
Le député du Gers et ancien titulaire du poste a vivement réagi : « Charles de Courson a bafoué l’esprit de nos institutions. C’est une colère froide. Pour la première fois, il y aura un dialogue entre l’opposition et l’opposition au sein de la commission des finances, sans possibilité de dialogue constructif avec Bercy. C’est extrêmement grave pour notre pays. » En réponse, le député de la Marne, élu sans interruption depuis 1993, lui a rétorqué : « Autrefois il y avait une majorité en siège et une opposition mais il n’y a plus de majorité. Le sens de ma candidature était de rééquilibrer le jeu démocratique et de respecter les différents courants politiques. Il n’est pas normal qu’avec 30 % des sièges, un courant s’empare de toutes les responsabilités au sein de l’Assemblée nationale ».
Alors que la préparation du projet de loi de finances pour 2025 va débuter avec retard et en attendant la nomination du prochain gouvernement, les associations d’élus locaux accueillent plutôt favorablement l’arrivée d’un élu local au poste stratégique de rapporteur du budget. Particulièrement, les départements, qui n’oublient pas que Charles de Courson est encore conseiller départemental de la Marne et ce depuis 38 ans, au moment où le rendez-vous budgétaire de l’automne s’annonce crucial pour eux. En effet, selon le dernier rapport de la Cour des comptes sur les finances locales présenté ce 22 juillet, les départements ont vu leur épargne brute chuter de près de 40 % en 2023, pris en étau entre la baisse des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) et la hausse de leurs dépenses, notamment sociales.
Du côté de la présidence de la commission des finances, moins de bouleversement. L’insoumis Éric Coquerel a été réélu au troisième tour grâce aux voix du Nouveau Front Populaire et des députés de Liot, avec 29 voix contre 26 voix pour Véronique Louwagie, députée de l’Oise (Droite Républicaine), et 18 voix pour Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme (Rassemblement National). À noter que, contrairement aux usages, le camp présidentiel a pris part au vote.
Le développement durable pour une ex-agricultrice bio
La présidence de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire change de tête, mais pas de parti. Pour remplacer le député « Renaissance » Jean-Marc Zulesi, qui n’a pas réussi à se faire réélire dans la 8ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône, c’est Sandrine Le Feur (Ensemble pour la République, nouvelle appellation du groupe macroniste) qui a finalement été choisie. Avec le soutien du groupe Rassemblement national (RN), affirment de nombreux médias (Le Monde, Ouest France, Contexte, …), alors que l’intéressée dément.
Ce soutien aurait été négocié en échange d’une vice-présidence à cette commission. De fait, Emmanuel Blairy (RN, Pas-de-Calais) est bien l’un des quatre vice-présidents, aux côtés de Gérard Leseul (Socialistes et apparentés, Seine-Maritime), Mickaël Cosson (Les Démocrates, Côtes-d’Armor) et Jean-Pierre Taite (Droite Républicaine, Loire).
Auparavant agricultrice « bio » à Pleyber-Christ, Sandrine Le Feur siège dans cette commission depuis sa première élection, en 2017. Sans surprise, elle a principalement accès son travail sur les problématiques liées à l’agriculture et à l’alimentation, avec un souci également pour les questions sociales, l’emploi et l’attractivité des territoires ruraux.
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